Destins Croisés… La Suite.

« Destins croisés », le dernier récit de Lætitia, quel beau cadeau ! En lisant les premières lignes, j’ai dû faire plein de jaloux.

Laéti vient de me faire un autre cadeau, tout aussi beau, pouvoir écrire une suite à ma façon, belle confiance.

Émilie ouvre la lettre posée sur la table, elle comprend que François sait tout… allez donc lire son récit, et revenez vite lire la suite que j’ai imaginé.

Petit message juste pour Laéti : « Un grand Merci. Grosses bises ma belle, … J’espère que cette suite va te plaire ». Le reste est plus personnel, je le lui dirais en privé… Je vais encore faire des jaloux.

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ÉMILIE

Je trompe mon mari. Ça fait quatre mois que je vois quelqu’un.

Le doute et les remords me rongent depuis plusieurs semaines. Pourquoi est-ce que je trompe François ? C’est la question que je me pose tous les jours. Je l’aime tant.

Enfin, cet après-midi, je viens de voir Sébastien, je lui ai annoncé que c’est terminé. Ouf !

Après avoir fait un peu de shopping avec mon amie Sarah, je rentre chez moi le cœur léger, retrouver mon mari. J’ai hâte de me blottir dans ses bras.

« - Chéri ? C’est moi.

Il n’est pas là ? Il a dû sortir faire un truc. Ça va me laisser le temps de me préparer pour ce que je lui réserve ce soir.
Sur la table du salon, il y a une lettre en évidence, « Laure Dubreuil, avocate », c’est quoi ça ?

J’ouvre l’enveloppe :
« - Oh non … Pas ça … François … Mon amour … Mon Dieu, Noonnnn …

Je m’effondre sur un fauteuil, la lettre tombe par terre.
Ce n’est pas possible, François veut me quitter. Il sait. Comment ? Depuis combien de temps ? J’aurais dû faire plus attention, depuis plusieurs jours je le trouvais bizarre. Avec sa réflexion pour la sortie shopping avec Sarah j’aurais dû me méfier. Cela fait plus de 10 jours qu’on n’a plus fait l’amour, depuis … Oh ! depuis jeudi, cet après-midi de RTT, mais comment a-t-il pu savoir ?

Je lui envoie des SMS, je laisse des messages sur sa boîte vocale.

Réponds-moi mon chéri.

J’aimerais savoir où il est, ce qu’il fait, pouvoir lui parler, lui expliquer, lui dire tout mon amour, ma honte. Il m’aime, il me pardonnera.


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FRANÇOIS

Je viens de refermer la porte de notre appartement, avec l’intention de ne plus y revenir.

Une fois installé dans cet hôtel, je vais faire un tour dans le centre-ville, je regarde les agences immobilières, il me faut trouver un appartement au plus vite, louer un petit deux-pièces devrait faire l’affaire.
J’entre dans deux agences…

Ma décision prise, ma colère est un peu retombée. Je dois aussi être fautif, qu’ai-je fait ou pas fait pour qu’elle ait pris un amant. Il n’y a pas de fatalité. C’est un de ses collègues, elle a dû tomber amoureuse au bureau, ça arrive ? Voulait-elle me quitter ? Qu’en pensait-elle me l’annoncer ? J’ai pris les devants, elle va pouvoir vivre son amour librement.
Il est marié, il a des s, a-t-il déjà parlé à son épouse ? Ou n’est-ce pour lui qu’une aventure, un passe-temps. Émilie aura alors tout perdu.

Encore dans mes pensées, je tombe nez à nez avec Sarah, la meilleure amie d’Émilie, quel hasard ! Elle me voit à la dernière minute, impossible de m’éviter :
« - Bonjour Sarah, comment vas-tu ?

Elle sursaute, surprise :
« - Ça va, je faisais quelques courses.
« - Tu es seule ? Je croyais que vous deviez faire du shopping avec Émilie.

Elle bafouille :
« - On a juste pris un café, et nous sommes allés faire quelques boutiques, j’ai acheté une petite robe. Émilie a voulu rentrer plus tôt, pour te retrouver. Elle m’a dit que tu lui avais fait la tête quand elle t’a dit faire du shopping avec moi.
« - Tu me prends pour un con, arrête de me mentir.
« - Quoi ?
« - Elle n’était pas avec toi, tu ne l’as pas vue. Tu lui sers d’alibi, bravo la solidarité féminine.
« - Mais non, qu’est-ce que tu racontes.

« - Tu sais parfaitement qu’elle est en train de baiser avec son amant, alors arrête cette comédie.

Sarah se trouble, mais elle se ressaisit :
« - Qu’est-ce que c’est que cette histoire, tu lis trop de romans.
« - Ben voyons, tu es sa complice.
« - Ridicule, on était encore ensemble il n’y a pas une heure. Si tu ne me crois pas, viens.

Elle m’entraîne sur la place de l’Hôtel de ville, à deux pas, me désignant un café,
« - Tu vois, c’est là que nous avons pris un verre.

Je reconnais, c’est là que j’ai vu Émilie avec son amant avant qu’il ne l’emmène à l’hôtel. Ils avaient tout l’après-midi devant eux.
« - Tu ne me crois pas toujours pas ?

Sarah va sur la terrasse du café et fait semblant de chercher par terre, sous la table où Émilie était assise avec son amant. Le garçon s’approche :
« - Vous cherchez quelque chose mademoiselle ?
« - Oui j’ai perdu une boucle d’oreille tout à l’heure quand je prenais un café avec mon amie, vous vous souvenez ?
« - Parfaitement, deux jolies femmes comme vous ça ne s’oublie pas. Mais je n’ai rien trouvé, laissez-moi votre numéro, si je trouve quelque chose je vous recontacterais.

Il cherche à se placer celui-là.
« - Merci, j’ai dû la perdre ailleurs.

Elle me regarde et s’assoit à la table où j’ai vu Émilie en début d’après-midi :
« - Assieds-toi et payes moi un verre ?

Alors que le garçon s’approche pour prendre la commande, Sarah triomphe :
« - Alors tu vois, je ne t’ai pas menti ? Arrête de te faire tout un cinéma. Après, nous sommes allés faire les boutiques, et elle s’est dépêchée de rentrer pour ne pas te laisser seul.

Je suis un peu décontenancé, certain de les avoir vus, comme j’ai lu leur échange de mails, comme je les ai vus jeudi s’embrasser et entrer dans cet hôtel alors qu’elle avait pris une journée de congé sans m’en parler… Je ne suis pas dupe, mais Sarah ne sait pas que je sais.


Sarah a toujours été gentille avec moi, même si elle sert d’alibi à Émilie, elle veut me rassurer. Elle pose sa main sur la mienne dans un geste amical, je n’y fais pas attention.
« - Arrête de te faire du mal pour rien… je suis là moi.

Pensant à Émilie qui doit être avec son amant, je prends conscience que sa main caresse la mienne. Je la retire vivement. Quel idiot je suis, que vais-je encore imaginer, Sarah veut juste me remonter le moral.

« - Je te dis qu’elle est avec son amant.
« - Tu m’énerves à la fin, tu veux une autre preuve ?
« - …
« - On s’est quitté il y a moins d’une heure. Émilie doit être chez vous, appelle là.
« - …
« - Tu ne veux pas, c’est moi qui l’appelle, et sur votre fixe, comme ça pas d’ambiguïté.

A la troisième sonnerie, Émilie décroche, Sarah a mis le haut-parleur pour que j’entende. Avant même qu’elle ait pu dire le premier mot, Émilie en pleurs lui crie :
« - Il m’a quitté.
« - Quoi ?
« - En rentrant, j’ai trouvé une lettre d’un avocat, François sait tout, il est parti, il demande le divorce.
« - …
« - Sarah, je ne sais plus quoi faire. Tout est fini avec Seb. J’espérais que François ne le saurait jamais, je ne veux pas qu’il souffre, je ne veux pas le perdre, j’ai honte … je ne sais même pas où il est en ce moment, il a juste pris un sac avec quelques affaires.

Émilie raccroche, Sarah se tourne vers moi :
« - Alors tu savais ?
« - Toi aussi tu m’as trahi, depuis quand est-ce que cela dure ?
« - Deux ou trois mois je crois, elle ne m’en a parlé qu’il y a quinze jours, elle avait décidé de rompre aujourd’hui, d’où ce rendez-vous dans un café, et non à l’hôtel. Elle a rompu, elle était heureuse, elle culpabilisait tellement vis-à-vis de toi, elle n’a jamais aimé ce type. Va vite la rejoindre.
« - C’est trop tard, elle m’a menti, elle m’a trahi. Je ne veux plus la voir… Comment c’est arrivé ?
« - Écoute,

Et Sarah me raconte en quelques mots, le collègue, la soirée, Émilie a trop bu, une fois, deux fois, elle me jure qu’elle ne l’aime pas, qu’il y a longtemps qu’elle a compris son erreur, que tout est fini.
Pour moi aussi tout est fini :
« - Maintenant, c’est trop tard.

Alors que je vais m’en aller, Sarah me ratt par le bras :
« - Tu fais quoi ce soir ?
« - …
« - Viens chez moi, on commandera une pizza, je te consolerais.
« - …
« - Tu sais Émilie n’a que ce qu’elle mérite, ce qu’elle a fait est impardonnable. Tromper un homme tel que toi, elle ne te mérite pas.

Je ne me savais pas si extraordinaire.
« - J’ai toujours su que vous n’étiez pas fait l’un pour l’autre.
« -…
« - Viens chez moi, je te la ferais oublier.
« - Quoi ?
« - On va passer une petite soirée ensemble, sans plus penser à cette salope d’Émilie.

Je suis choquée :
« - Sarah ? Tu es son amie, je suis encore son mari.
« - Tu es libre maintenant, tu peux faire ce que tu veux. J’ai toujours eu le béguin pour toi. J’ai envie de me blottir dans tes bras, tu l’oublieras vite.
« - Mais ?
« - Elle t’a fait du mal. Viens avec moi.
« - Non, excuses moi Sarah, je ne peux pas.

Je m’en vais la laissant sans voix. Quelle salope, faire ça à sa meilleure amie.

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J’ai bien reçu les messages d’Émilie, mais elle m’a déçu, je ne veux plus la voir, je ne veux pas entendre de nouveaux mensonges.

J’ai montré les photos avec son amant à mon avocat, d’après lui les preuves sont indéniables, elle aura tous les torts. Il me conseille la procédure amiable, ça ira plus vite, pourquoi faire traîner.

Je sais que son amant, c’est un de ses collègues, ils se voient tous les jours. Ce salaud est marié, il a des s, il risque de foutre en l’air son ménage pour une aventure, ridicule. Non, je ne dirais rien à sa femme, elle ne doit pas vivre ce que je vis actuellement. Mais il ne doit pas s’en tirer si facilement, je veux lui enlever toute envie de recommencer, lui faire peur.

En fouillant dans le téléphone d’Émilie, j’avais noté son numéro de téléphone et son adresse mail, sans trop savoir pourquoi. Maintenant ça va me servir.

D’accord, j’ai vu trop de mauvais téléfilm, mais ça donne des idées. Je vais distiller mon poison. Pour rester anonyme, je modifie les paramètres de mon téléphone pour masquer mon numéro.

Premier SMS, une photo d’Émilie sortant de sa voiture.

Quelques minutes après, la photo où Seb l’embrasse, avec ce commentaire : « hôtel XX jeudi après-midi ».

La réponse ne se fait pas attendre, le ton est sec, « Qui êtes-vous ? », « Que voulez-vous ? ».

Troisième et dernier SMS, un simple message « Ta femme sera heureuse de savoir ». Un peu théâtral, mais il doit déjà se poser des questions.

Sa réponse me prouve qu’il commence à paniquer, « Qu’attendez-vous de moi ? », « c’est du chantage ? ».

Arrêt des messages, je le laisse avec ses interrogations. A 20 heures, je lui téléphone, ils doivent dîner en famille, dès qu’il décroche je respire fortement comme je l’ai vu faire dans les films, pas un mot et je raccroche. Je répète l’opération 3 fois dans la soirée. Inévitablement il doit être nerveux, sa femme doit lui poser des questions. J’aimerais être une petite souris, pour les voir.

Fini de jouer, je ne veux plus entendre parler de ce type, je l’efface de ma mémoire. Mon silence sera la pire des s. Il doit trembler, il va vivre avec la peur pendant longtemps, une épée de Damoclès au-dessus de sa tête sans savoir qui la tient.

Le lendemain, mon avocat m’appelle, il aimerait connaître le nom du confrère qui représentera Émilie. Moi, j’aimerais surtout qu’Émilie m’explique. Aussi je décide de l’appeler à son bureau. Sa secrétaire m’informe qu’elle a pris une semaine de congé.
J’appelle tous les jours à la maison, dans la journée, le soir, jamais là ou occupé, elle doit le faire exprès, pour ne pas avoir à me parler, ne pas avoir à se justifier.

Prenant mon courage à deux mains, je décide d’aller chez nous, il faudra bien s’expliquer un jour. Je veux savoir. Qu’ai-je fait pour qu’elle prenne un amant, est-ce moi le fautif ? Je n’ai pourtant pas l’impression de l’avoir délaissée.
Quand je passe, elle n’est pas là. Qu’a-t-elle à faire cet après-midi ? C’est sa vie, cela ne me regarde plus.

Ce matin, elle a repris le travail, je ne pourrais pas la rater. Je lui téléphone dans l’après-midi, encore son répondeur, elle a dû le couper pour que je ne puisse pas la joindre. Elle veut m’éviter.

Sans baisser les bras, je décide de l’attendre à la sortie du bureau, j’observe depuis mon véhicule, tout le monde est parti, pas de trace d’Émilie. Où est-elle ? De fatigue, je m’assoupis, quand je me réveille, la nuit est tombée. Sur mon téléphone, aucun message, je n’existe plus pour elle… Encore dans mes pensées, je la vois sortir et rejoindre rapidement sa voiture garée un peu plus loin. Que faisait-elle jusqu’à cette heure ? Les après-midis à l’hôtel ne lui suffisent plus, elle a dû le rejoindre. Ah, il s’en passe de belles dans les bureaux.

Elle me dégoûte, je n’ai plus aucune envie de lui parler maintenant. Mais j’en aurai le cœur net, demain avant d’aller travailler, je la saisirais au vol quand elle arrivera. Elle ne pourra pas m’éviter. Qu’elle me dise ce qu’elle me reproche, ce qu’il a de plus que moi.

Toujours dans ma voiture devant l’entrée de son entreprise, j’attends… ça y est, c’est elle, sa voiture garée, elle marche vite sur le trottoir, son attaché-case sous le bras. Je sors pour l’intercepter… mais je suis arrêté dans mon élan, Seb vient à sa rencontre, ils se font la bise. Ils doivent faire attention devant les collègues. Ont-ils passé la nuit ensemble ?

Lui, je ne veux pas le voir. Dépité, je regagne mon véhicule.

J’ai mal. Comme un amoureux transi, tout le reste de la semaine, je vais me poster en voiture devant chez nous, ou devant le travail d’Émilie, juste pour la regarder passer.

J’ai plusieurs fois été tenté d’aller la voir, de lui dire que je l’aime toujours, mais elle ne veut plus me voir, alors à quoi bon. Et puis, comment pardonner ses mensonges, la gym du patron, la journée de jeudi en RTT, le samedi avec Sarah, et certainement d’autres que je ne connais pas. Tous ces calculs pour retrouver son amant.
Notre complicité s’est envolée.

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ÉMILIE

Totalement démoralisée, j’ai pris une semaine de congé. François, où es-tu ?
Sarah passe me voir, mais ces paroles ne me réconfortent plus … mes amies semblent m’éviter, aucune ne m’a téléphonée.

Cela fait 2 jours que je ne sors plus, la lettre est toujours sur la table, je n’ose pas la toucher. J’aimerais tellement lui dire… lui expliquer…pas pour me justifier, juste pour qu’il sache que je n’ai jamais cessé de l’aimer.

Si je veux manger, il va bien valoir que je sorte faire quelques courses. Sans aucune volonté, je m’habille et je me traîne jusqu’au supermarché du coin de la rue.
En passant, une idée me vient, je fais le tour des hôtels du quartier, peut-être que …pleine d’espoir, mais aucun n’a vu François.
Je prends ma voiture, et me dirige vers un hôtel que je connais trop bien, peut-être que … Ce serait étonnant, mais il faut tout essayer, on ne sait jamais…. Bien sûr, il n’est pas là … Je fais le tour de la ville, m’arrête à chaque hôtel… je rentre bredouille, où a-t-il pu aller ?

Cette recherche m’a redonné un peu de tonus, mais en rentrant, la vision de la lettre posée sur la table me ramène à la triste réalité.

Je téléphone à ses parents., d’une voix mielleuse. Ils ne sont pas au courant de la décision de François, ce n’est pas à moi de les en informer.
Il a peut-être trouvé refuge auprès d’un ami, je ne vais tout de même pas tous les informer de mon infortune, ou plutôt de son infortune.

La semaine se termine, il va bien falloir retourner travailler. Je n’ai rien d’autre à faire, ça me changera les idées.

Lundi matin, la reprise. En partant au bureau, je m’aperçois que le combiné du téléphone est mal raccroché, j’ai dû faire une mauvaise manip l’autre jour. Bof, qui peut vouloir m’appeler, mes amies se sont détournées de moi, je suis seule.

Après avoir salué mes collègues qui me demandent si mes vacances se sont bien passées, je m’assieds à mon bureau et sans beaucoup d’enthousiasme j’allume mon ordinateur. Parmi les dizaines de messages accumulés durant mon absence, quelques messages de Seb, il se répète « Je veux te voir », « fais-moi signe ».
Ah non, pas lui. Il n’a pas compris, c’est fini, bien fini. Pourquoi insister ?

Plus par habitude que par envi, je me retrouve devant la machine à café, à écouter les petits potins de ceux qui n’ont rien d’autre à faire.
Le voilà… non il ne va pas me harceler. Comme à son habitude il me fait la bise, pratique courante entre collègues :
« - Émilie, il faut que je te parle.
« - Non Seb tout est fini entre nous, comprend le.
« - Ce n’est pas ça.

Intriguée je le suis dans son bureau. A l’écart des oreilles indiscrètes, il me montre les photos, celle où nous nous embrassons devant l’hôtel :
« - C’est toi ?
« - Quoi c’est moi ? D’où sors-tu ces photos ?
« - C’est toi qui me les as envoyées ?
« - C’est quoi cette histoire ?
« - Tu veux me faire chanter ?
« - T’es fou, ne soit pas idiot. Il n’y a pas de messages ?
« - Si juste un « Ta femme sera heureuse de savoir », c’est bien une menace, c’est toi ?
« - Mais non voyons, quel intérêt j’aurais ?
« - Alors qui ? Et pour quoi ? je n’ai rien reçu de plus depuis une semaine. Je n’y comprends rien.

Moi, je ne comprends que trop, ce ne peut être que François. C’est la confirmation qu’il m’a suivie jeudi et qu’il a compris, me voir embrasser un homme et le suivre à l’hôtel, il ne faut pas être devin.
Je ne dis rien à Seb qu’il se démerde. Il s’affole :
« - Que vais-je devenir si ma femme voit ces photos ?
« - Et bien tu seras dans la merde comme moi… tu sais que François a demandé le divorce, il sait pour nous.
« - …
Je sens qu’il a peur, peur pour lui. De moi, il s’en fout.

Je quitte Seb, énervée par cette conversation, comment ai-je pu être attirée par un mec pareil, il ne pense qu’à lui. Aucune réaction quand je lui ai dit que mon mari demandait le divorce, c’est tout de même lui le fautif.

C’est quoi ce père de famille qui se permet de draguer tout ce qui bouge, Je ne suis certainement pas la première, aucun respect pour sa femme, ce n’est pas François qui ferait ça.

D’accord j’aurais pu dire non, mais j’avais trop bu, il en a profité. Après la première soirée au bureau, c’est lui qui m’a relancé, j’ai oublié François. J’ai été faible, l’aventure m’excitait, me sortait de ma petite vie pépère, l’attrait de la nouveauté, de l’inconnu, et cela flattait mon égo, je pouvais encore plaire. Enfin toutes les excuses bidon que je me trouve depuis 4 mois. Et dire que Seb ne faisait même pas mieux l’amour que François.

Samedi il faisait une de ces têtes, se faire plaquer n’est jamais drôle. Son petit égo en a pris un coup, lui qui croyait avoir l’après-midi pour me sauter. Ma décision prise, grâce au soutien de Sarah, je n’aurais jamais pu, déjà jeudi dernier j’ai simulé, j’aurais dû lui dire à ce moment-là. Si j’avais eu ce courage, je n’aurais pas eu besoin de mentir une nouvelle fois à François. J’ai été aveugle, sa réaction aurait dû m’alerter. D’habitude il me laisse faire les boutiques avec mes amies, sans rien dire. Il savait déjà, le pauvre, je m’en veux de l’avoir fait souffrir.

Avec François, on voulait avoir un , ce projet a été mis de côté à cause de moi, j’ai préféré prendre un amant. Quelle bêtise, je m’en veux.

Le boulot n’attend pas, ne plus penser à tout ça, les états d’âme doivent rester à la porte de l’entreprise. Cet après-midi réunion de service, j’ai raté celle de la semaine dernière, je dois rapidement en lire le compte rendu si je veux encore servir à quelque chose.

La réunion, va commencer, je mets mon téléphone sur répondeur, pour ne pas être dérangée, encore une habitude.

Ouf, je ne m’en suis pas trop mal tirée. J’ai oublié François et Seb pendant 2 heures, et j’ai repris la main sur l’équipe.
Ce soir, j’ai du mal à quitter mon bureau, les dossiers se sont accumulés, et je n’ai rien d’autre à faire. Quand je sors, il fait nuit. Chez moi, je m’affale sur le lit, pas la force de manger, pour une fois je vais pouvoir dormir.

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FRANÇOIS

J’ai besoin de prendre des affaires, je profite qu’elle soit au bureau pour remplir deux valises, Je vide mes tiroirs, mon armoire, un tour dans le bureau, quelques papiers indispensables. Dernier regard, je n’ai rien oublié.

Sur la table de nuit, Émilie a oublié son téléphone, après une courte hésitation, je m’en empare. Après les messages auxquels je n’ai jamais voulu répondre, quelques échanges avec son amant : « c’est fini, comprends-moi, j’aime mon mari, je n’aurais jamais dû, je t’en veux, tu aurais dû penser à ta femme. ».

Je me rappelle ce que Sarah m’a dit lors de notre rencontre sur la place de l’Hôtel de ville, c’était peut-être vrai, Émilie venait peut-être de rompre, mais trop tard pour moi, ma décision était déjà prise.
De toute manière, elle n’a pas répondu à mes messages, elle n’a pas cherché à me joindre, elle refuse de s’expliquer. Elle a certainement dû revenir sur sa décision de le quitter maintenant qu’elle est libre.

D’autant que mon avocat m’a informé qu’Émilie s’est enfin décidée, son avocat l’a contacté. C’est un bon père de famille, pas assez méchant, il n’en fera qu’une seule bouchée. Quoi ? Une bouchée ? Même si elle ne m’aime plus, je ne veux pas lui faire de mal.

Mon avocat, en accord avec son confrère, me conseille la procédure amiable. Tout le monde est d’accord, autant aller vite sans se déchirer. Comme moi, Émilie doit vouloir retrouver sa liberté au plus tôt.

Lors de l’audience, mon avocat me conseille de ne pas évoquer l’infidélité de mon épouse, ce n’est plus nécessaire, disons « pour incompatibilité d’humeur », cela ne veut rien dire, personne n’est dupe, mais ça évite les complications.

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ÉMILIE

Je me suis enfin décidée à aller voir un avocat. François à l’air vraiment décidé, il a refusé qu’on s’explique, il n’a répondu à aucun de mes messages, ni essayé de me contacter. Changeant d’avis, il a même préféré une procédure amiable pour être libre plus rapidement. A-t-il une maîtresse sans que je le sache ?

Il veut surtout se séparer de moi, cette femme indigne qui la trahit… Je me dégoûte.

Mon avocat n’est pas un ténor du barreau, il ressemble plus à un papy bedonnant, mais il me rassure, je me sens bien avec lui, j’ose lui parler comme j’aurais aimé pouvoir parler à mon père, il m’écoute.
Je lui raconte tout, sans rien cacher, sans chercher à me justifier, j’ai tous les torts.
Curieusement, il ne commente pas, et puisque la partie adverse, c’est-à-dire François, n’évoque pas ce point, autant l’oublier :
« - Je suis une femme indigne, vous ne me jugez pas ?
« - Qui n’a pas fauté dans sa vie ? Le pardon est la plus belle preuve d’amour.

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Bientôt trois mois que François est parti, j’ai eu quelques nouvelles par mon avocat. J’aurais aimé pouvoir m’expliquer. Lui dire que je n’aime que lui, que j’ai honte, que j’ai été faible et lâche. J’aurais aimé lui demander pardon, et qu’il me serre dans ses bras.

Il n’y a plus qu’à attendre la convocation du juge.

Affalé sur mon canapé, je zappe d’une chaîne à l’autre espérant trouver le programme le plus bête pour ne plus penser et m’endormir sur place, j’ai l’embarras du choix.

Quand j’entends la sonnette de la porte d’entrée, je ne bouge pas. Deuxième coup de sonnette.
Je me traîne jusqu’à la porte, mes trois copines dont Sarah, un gros bouquet de fleurs à la main « bon anniversaire ». J’avais complètement oublié, normalement François m’aurait fait la surprise de m’emmener dans un restaurant chic et on aurait fait l’amour toute la nuit. J’éclate en sanglots, d’avoir perdu mon mari et de reconnaissance envers mes copines qui ne m’ont pas oubliée.

« - C’est ta fête. Habille-toi on sort.
« - Non, je n’ai pas la tête à faire la fête.
« - Ta ta ta… il faut oublier, c’est un connard d’avoir laissé tomber une fille comme toi, viens, on va te changer les idées.

Elles m’entraînent dans la chambre, trouvent une robe, me coiffent, m’habillent, me maquillent, je suis une poupée entre leurs mains, quand je me vois dans la glace, belle, sexy :
« - Non, je ne vais pas sortir comme ça, pas en ce moment.

Je n’ai pas le temps de discuter, déjà nous sommes dans l’ascenseur, nous rejoignons deux autres copines dans la voiture. Elles sont toutes là, mes amies de toujours.

Sarah a réservé dans un restaurant typique, un petit salon particulier. On va pouvoir faire les folles sans gêner personne. Je mange trop, sans faire attention à ma ligne, mais surtout je bois trop. On chante à tue-tête.

Le dîner terminé, la tête me tourne, j’ai envie de rentrer. Sarah me retient :
« - Attends c’est ton anniversaire, la fête n’est pas finie. Et ton cadeau ?

Je m’attendais à un gros gâteau avec les serveurs chantant « Happy Birthday to you », mais une musique disco assourdissante retentie, un beau mec arrive et danse au milieu de la salle. Nous formons un cercle autour de lui.
Un chippendale, ce n’est pourtant pas mon enterrement de jeune fille. Je regarde Sarah :
« - C’est quoi ce truc ?
« - Amuse-toi, oublie tout. Ce soir, t’es la reine.

Et elle me sert un verre d’une mixture trop forte pour moi. Je repousse difficilement le deuxième verre.
Le mec se déhanche, il est beau, il danse bien, mes copines tapent dans leurs mains en cadence. Je me prends au jeu, comme elles j’encourage notre danseur. Je ne sais plus trop où je suis, je ne remarque même pas qu’il se déshabille pour le plus grand plaisir de mes amies. Sortant de la torpeur dans laquelle l’alcool m’a plongé, je les entends scander mon nom :
« - Émilie, Émilie, Émilie…

Je relève la tête, le mec est nu face à moi. Sarah le branle en me regardant :
« - Il est beau, hein ?

Elle le prend dans sa bouche, lui lèche le gland qu’elle vient de décalotter. Je vois ses lèvres monter et descendre sur cette tige de chair :
« - C’est bon, humm… A toi maintenant.

Non. Je cherche un soutien dans mes autres copines, Sandrine et Ludivine sont assises le regard vague, elles doivent cuver leur vin. De l’autre côté par contre le spectacle offert par Marion et Yasmina me sidère, le chemisier grand ouvert, les seins à l’air, elles se caressent, s’embrassent à pleine bouche.

Fascinée par cette vision, c’est à peine si j’entends Sarah chuchoter à notre danseur :
« - Elle est belle ma copine, elle te plaît ? … Tu verras, à poil elle te plaira encore plus.

Je me retourne, le danseur s’est rapproché, il tend sa queue bien raide vers moi. C’est vrai qu’il est beau, sa bite me tente, l’alcool me brouille la cervelle. Marion et Yasmina m’encouragent :
« - Émilie, Émilie, … Vas-y.

Sarah a passé son bras autour de mes épaules, elle me pousse en avant. Elle me murmure à l’oreille :
« - Allez vas-y, c’est pour toi, fais-toi plaisir.

Je prends conscience du ridicule de la situation, non pas possible. J’éclate en sanglots, la tête entre les mains, ce qui a pour effet de stopper net notre gentil danseur qui ne comprend plus rien, il vient près de moi, il a l’air ému :
« - Il ne faut pas pleurer ma petite dame. Désolé, c’est juste pour s’amuser.

Je me lève et pars en courant.
Sur le trottoir, je suis vite rattrapée par Sarah et Sandrine. Elles essaient de me convaincre de revenir faire la fête. Devant mon insistance, Sandrine se propose de me raccompagner chez moi.
En haussant les épaules, Sarah retourne profiter de mon cadeau.

Au moment de démarrer, Ludivine nous rejoint :
« - Tu peux me déposer chez moi, il est tard, mon mari va s’impatienter.

Dans la voiture, la tête entre les mains, j’essaie de reprendre mes esprits, la tête encore embuée d’alcool. Je me lamente :
« - Pourquoi ? … Vous êtes folles les filles… je suis en plein divorce… Je n’ai qu’une envie, retrouver François.
« - C’est Sarah.
« - Quoi ?
« - Oui c’est Sarah qui a eu l’idée, on n’a pas osé la contredire.
« - Mais pourquoi ? Elle sait très bien que je n’attends qu’un signe de François. Je ne vais tout de même pas … Je ne suis pas en manque.
« - Bien sûr, mais…
« - Mais quoi ?

Elles hésitent à parler, elles se regardent gênées :
« - Après l’avoir sucé, nous devions te déshabiller pour lui, il t’aurait baisée. Sarah voulait te prendre en photo, nue avec lui.
« - Quoi ? Et vous vous dites mes amies.
« - On s’en veut tu sais, on ne voulait pas, mais tu connais Sarah, impossible de lui résister.
« - Mais pourquoi ?
« - Elle avait l’intention de montrer ces photos à François, pour le mettre dans son lit.
« - Oh ! la salope, ma meilleure copine, ma confidente.
« - Oui, ta meilleure copine.
« - …

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Ce que ni Émilie, ni François ne savent, c’est que Seb, Sébastien le séducteur, a eu la frayeur de sa vie en recevant ces photos, lui non plus n’a pas envie de perdre sa femme et ses s. Malgré ses petites, enfin ses grosses incartades, il n’a pas envie de mettre en péril son petit confort.
La peur lui tenaille le ventre, d’où viennent ces photos, qui les a envoyées, et s’il prévenait sa femme… Le silence de ce correspondant anonyme est pire que tout.

Les rumeurs vont vite, il évite Émilie, ne va plus à la machine à café, mais ne voulant pas courir de risque, il a préféré quitter l’entreprise.
Il a rapidement trouvé un autre travail, à 200 kms de là. Sa situation étant meilleure, son épouse n’a rien trouvé à redire à ce nouveau déménagement, seuls ses s ont râlé de perdre encore une fois leurs copains.

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FRANÇOIS

Nous communiquons par avocats interposés.
Je n’ai même plus osé lui téléphoner, ni essayé de la voir. Elle non plus, après les messages du premier jour disant qu’elle regrettait, qu’elle m’aimait, plus de nouvelles. Vit-elle maintenant avec son amant ?

La justice est lente, mais la procédure suit son cours.

Au Palais de Justice, j’attends devant le bureau des Affaires Familiales d’être reçu par le juge. L’audience de conciliation, ils appellent ça.

Mon cœur bat très fort quand je la vois arriver avec un homme aux cheveux blancs, son avocat, et ses deux amies Sandrine et Ludivine venue la soutenir, mais je ne vois pas Sarah, sa meilleure amie. Je détourne les yeux.

Assis face au juge, je ne dis pas un mot, ni de sa trahison, ni de ses mensonges…c’est mon avocat qui répond aux questions. Émilie a les yeux rouges.

Le juge lit les demandes faites par les deux parties, et tout un tas de considérations juridiques que je n’écoute même pas. Mon esprit est ailleurs, mon Émilie, les jours heureux reviennent en mémoire, je ne comprends toujours pas ce qui t’a pris.

Malgré la stratégie dictée par son avocat, Émilie demande au juge la permission de s’adresser directement à moi :
« - Regarde-moi François, juste une fois.

Je tourne la tête vers elle. Pourquoi y a-t-il tant de monde autour de nous, seul je l’aurais déjà prise dans mes bras. Émilie me parle :
« - Je veux te dire ce que je n’arrive pas à te dire depuis tant de mois. Je t’aime François. Ce que j’ai fait est impardonnable, je le regrette. Une folie que je ne pourrais jamais réparer. Je ne peux pas vivre sans toi. J’accepte cette séparation puisque c’est ta volonté, mais avant dis-moi une seule chose, dis-moi que tu ne m’aimes plus.

Le juge et les avocats écoutent, ils attendent. Sans répondre à Émilie, je détourne la tête. Au bout d’une minute, le juge rompt le silence :
« - Bien … Nous nous retrouvons dans deux mois, pour le jugement.

En partant, j’entends dans mon dos les sanglots étouffés d’Émilie, je ne me croyais pas aussi dur. Je me retourne pour parler à mon avocat. Mes yeux croisent ceux d’Émilie, je ne peux me détacher de son regard. Sans réfléchir, je m’approche d’elle :
« - Tu veux aller prendre un café ?

Émilie, encore sous le choc, hoche la tête et me suis. Elle ne sent pas mon bras se poser sur ses épaules, tout naturellement elle passe le sien autour de ma taille, et s’appuie contre moi.

Les avocats, conscients qu’ils viennent de perdre leurs clients, regardent Émilie et François quitter ensemble le tribunal.

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